Un regard

Au fond de ce trou je suis,

Et je tombe sans fin dans ce puits sans fond

Et je tombe sans cesse depuis si longtemps

Et dans la lumière du jour au-dessus qui s’amenuise de plus en plus

Je te vois éblouissant et beau, si beau

Ton regard sur moi et si intense qu’il me brûle jusqu’à la moelle

Mais je me sens envahie d’une effroyable paix

Juste parce que tu me regardes

Tu n’as pas freiné ou arrêté ma chute

Tu ne m’as pas pris la main pour me remonter

Non, tu me regardes tomber et ça me suffit

Ton regard me pèse et me rend légère

Et si tu parlais j’en mourrais

Et si tu esquissais un geste vers moi j’en mourrais

Et si ta peau frôlait la mienne j’en mourrais

Et il n’est rien que je ne souhaite plus

Qu’une parole, un geste, un frôlement de toi

Car alors la mort serait la plus exquise des choses

Car alors je mourrais avec allégresse

Mais il n’en est rien

Tu me laisses frustrée seule avec ton regard

Et je ne ressens pas la douce délivrance de la mort

Que cette douleur, cruelle et délicieuse

Que ton regard, froid et chaleureux

Et dans cet abîme dont je ne sortirai jamais

Dans cette douleur qui me déchire les entrailles

De plaisir, je me sens fondre.

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